Premier réveil en terre inconnue.

Cornelian n'ouvrit pas tout de suite les yeux. Elle laissa d'abord à son esprit le soin de se réveiller. Alors que comme tous les matins, son réveil aurait du sonner, seul le cri des mouettes se faisaient entendre. Des mouettes ? Plutôt des pigeons et des merles, non ? Et puis, le ressac. Les allers et venues des vagues s'écrasant aux pieds de la jeune fille. Des vagues ? Impossible, Cornie se trouve être dans son lit. Alors pourquoi du sable fin blanc glisse entre ses doigts ? Cornie ose ouvrir les yeux et les referme aussitôt, éblouie par le soleil haut perché dans le ciel bleu. Je dois rêver, se dit-elle. C'est ça, je dors encore et à présent, je dois ouvrir les paupières.
Pourtant, toujours autant de soleil, de ciel, de mouettes et de sable chaud. Cornelian se redresse, brusquement éveillée. Parfaitement éveillée.
« M-Mais qu-que... Où suis-je, nom d'une coccinelle ?! »

La matinée avait été calme pour Maryn. Pas d'incident, pas de catastrophe, ni d'accrochage entre voisines. Pas même un petit vol à l'étalage. Le problème de s'occuper de la sécurité dans un petit village exclusivement féminin sur une île perdue dans le pacifique, c'est qu'on a souvent rien à faire. Alors, pour passer le temps, Maryn avait décidé de se promener un peu. Profiter de l'après-midi pour prendre l'air et le soleil. De toute façon, si un accident se produisait, on pourrait rapidement la prévenir. Ce n'est pas comme si elle partait en expédition dans la forêt. Je suis juste sur la plage, aucun problème, se dit-elle pour se rassurer.
Arrivée sur la plage, elle quitta ses chaussures et profita pleinement de la chaleur de sable blanc. Agréable sensation. Les rayons de soleil baignait son visage. Une légère brise vient se perdre dans ses cheveux détachés pour l'occasion. Pure moment de bien-être. Elle continua d'avancer le long des vagues, entre coquillages et crustacés.
Et soudain, elle aperçut une silhouette allongée sur le sable. Chanceuse! Il y a en qui peuvent bronzer tranquillement. Maryn pensa à une étudiante puisqu'elle ne reconnut pas la demoiselle au premier abord. Elle se rapprochait d'elle et à présent, discernait les cheveux d'un blond blé. Je ne connais personne qui possède une telle chevelure, ma fois. À mesure la jeune officier se rapprochait de la jeune fille, celle-ci semblait s'animer, se réveiller. Enfin, Maryn arriva derrière elle et l'entendit s'écrier :
« Mais que ! Où suis-je, nom d'une coccinelle ?! »
Tiens, tiens... Une nouvelle ! Étrange, elle n'avait pas été prévenue de son arrivée. Peut-être que la Reine ne l'avait pas prévue. Sinon, quelqu'un serait là pour l'accueillir, non ?
« - Nom d'une coccinelle, jolie juron. »
La demoiselle se retourna vivement, Maryn lui accorda une sourire tout en dents.

« Nom d'une coccinelle, jolie juron. »
Cornelian se retourna brusquement, surprise mais non moins heureuse d'entendre une voix humaine. Face à elle, la dominant de toute sa hauteur, une jeune femme vêtue d'un short en jean et d'un débardeur bleu nuit qui lui souriait à pleine dent.
« Salut. »
Elle se surprit à ouvrir la bouche comme si c'était normal de se rencontrer sur une île, alors que la veille au soir, elle se trouvait confortablement installée dans son lit douillet.
Cornelian tenta de se relever, glissa. Le sable lui brûlait la plante des pieds. Le fille lui tendit une main secourante. Cornelian la saisit, se tint debout. Osa enfin poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu'elle avait ouvert les yeux. Peut-être enfin allait-elle avoir une réponse. Satisfaisante.
« Heu... Je peux savoir quel est cet endroit ? »

« Heu... Je peux savoir quel est cet endroit ? »
Maryn perdit son sourire pour un air sérieux. Elle réfléchissait. Il n'était pas en son pouvoir de donner des réponses à la jeune fille, c'était à son guide. Pourtant, pas une habitante n'était sur la plage hormis elle et la nouvelle. Pourquoi celle-ci ne se serait pas vu attribuer une guide comme tout le monde ? Peut-être que sa guide est simplement en retard, espéra Maryn. Et de toute façon, je ne vois pas pourquoi la reine n'aurait pas prévu l'arrivée de cette fille.
Un élan de colère s'empara de la jeune officier. Zut de zut, pesta-t-elle. Pourquoi faut-il que ça tombe sur moi ?! Je me fiche comme d'une guigne de cette fille, elle ne m'incombe absolument pas ! Je n'ai rien avoir avec elle. Quelle fille agaçante.
Pourtant, Maryn croisa le regard perdu de la nouvelle et elle ne put s'empêcher d'éprouver un élan de compassion. Le réveil et l'attribution à un guide est essentiel à Kassotari. Sans lui, une nouvelle peut se perdre et perdre sa raison. Son regard se faisait suppliant, attendant une réponse de la part de Maryn.
Un nuage voila un instant le soleil. Comme un avertissement. Maryn hésita, tergiversa, retourna la question en tout sens. Que faire ? La nouvelle avait de grands yeux bleu métallique, presque gris, des longs cheveux blonds comme le blé, attachés en couettes, une robe bleue aux allures de petite fille modèle. Tout à fait le genre de fille que je déteste, grogna Maryn. Et que j'adore. Zut.
Maryn craqua.
« Je m'appelle Maryn, et cet endroit n'est autre que Kaissotari. Bienvenue parmi nous ! »

« Je m'appelle Maryn, et cet endroit n'est autre que Kaissotari. Bienvenue parmi nous ! »
Maryn, quel joli prénom, pensa Cornie. Avant de se rendre compte que la dénommée Maryn venait de répondre à sa question. Cornelian ne savait pas pourquoi, mais elle se sentait bizarrement soulagée. Comme si elle n'avait pas une épée de Damoclès au dessus de sa tête, que quoiqu'il arrive, elle était sauvé.
« Kai quoi ? Kaissotari ? Je ne connais pas. Je n'en ai jamais entendu parler, je veux dire. Pourquoi, pourquoi je me réveille ici ? On m'a kidnappé cette nuit ? Je ne comprends rien. »